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Création de société en Suisse : quelles formes juridiques privilégier ?

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Créer une société en Suisse attire de nombreux entrepreneurs séduits par sa stabilité et sa fiscalité avantageuse. Au-delà de l’implantation, le choix de la forme juridique est décisif. Raison individuelle, SARL, SA ou structures spécifiques, chaque statut implique des règles précises en matière de responsabilité, fiscalité et gouvernance.

 

Le paysage des formes juridiques pour la création d’entreprise en Suisse

La raison individuelle, le choix du solo entrepreneur

La raison individuelle, également appelée entreprise individuelle, est la forme la plus simple et la plus rapide pour se lancer. Elle s’adresse à ceux qui souhaitent créer leur projet en solo, avec une structure légère et des démarches administratives limitées. Ce statut convient particulièrement aux freelances, aux consultants, aux artisans ou encore aux commerçants indépendants qui veulent démarrer sans attendre. Dans le cadre d’un projet de création de société en Suisse, beaucoup choisissent la raison individuelle pour tester un concept ou valider un marché sans immobiliser de capital.

Cependant, cette simplicité a un revers. L’entrepreneur est responsable de manière illimitée de ses dettes sur ses biens propres, ce qui peut représenter un risque en cas de difficultés financières. C’est un choix pertinent pour les projets modestes ou les activités de service, mais il peut devenir contraignant dès lors que l’activité s’intensifie.

La SARL, l’équilibre entre sécurité et flexibilité

La SARL constitue le choix privilégié pour de nombreuses petites et moyennes entreprises. Elle offre un compromis entre la protection du patrimoine personnel, la flexibilité organisationnelle et des coûts de gestion raisonnables. Pour créer une SARL, il faut un capital social minimum de 20 000 CHF. Les associés ne sont responsables qu’à hauteur de leurs apports, ce qui sécurise leur patrimoine privé. La structure peut être constituée par une seule personne, mais elle est souvent choisie par plusieurs associés qui souhaitent formaliser leur partenariat.

Inscrite au registre du commerce, la SARL doit respecter certaines obligations comptables et administratives, mais celles-ci restent à la portée de structures de taille moyenne. Elle séduit par sa crédibilité accrue par rapport à une raison individuelle et par son coût de fonctionnement inférieur à celui d’une société anonyme. Pour de nombreux entrepreneurs, c’est la forme idéale lorsqu’un projet implique plusieurs partenaires, un besoin de financement modéré et une volonté de séparer la responsabilité professionnelle de la sphère privée.

La SA, la référence pour les entreprises ambitieuses

La société anonyme (SA) est la forme la plus prestigieuse et la plus structurée. Elle est souvent privilégiée par les grandes entreprises, les start-ups qui visent une levée de fonds ou encore les groupes qui veulent développer une présence internationale. La création d’une SA exige un capital-actions minimum de 100 000 CHF, dont au moins 50 000 CHF doivent être libérés au moment de la constitution. Les actions peuvent être facilement transmises, ce qui facilite l’entrée de nouveaux investisseurs.

La SA se distingue également par une gouvernance plus stricte, avec un conseil d’administration et des règles de transparence précises. L’anonymat des actionnaires, longtemps considéré comme un avantage, a été partiellement réduit par les obligations de transparence actuelles, mais cette forme conserve une crédibilité internationale importante. Elle reste la solution idéale pour les projets nécessitant une forte capitalisation, un accès à des partenaires financiers ou une image solide à l’étranger.

Voici un tableau comparatif de ces trois formes juridiques :

Forme juridique Responsabilité Capital minimum Nombre d’associés Fiscalité
Raison individuelle Illimitée Aucun 1 Impôt sur le revenu
SARL Limitée au capital 20 000 CHF 1 ou plus Impôt société, impôt sur dividendes
SA Limitée au capital 100 000 CHF 1 ou plus Impôt société, impôt sur dividendes

Les autres structures juridiques spécifiques suisses

Si les trois formes précédentes dominent, d’autres structures existent pour répondre à des besoins particuliers. La société en nom collectif (SNC) permet à deux ou plusieurs associés de travailler ensemble dans une structure souple, mais la responsabilité est solidaire et illimitée, ce qui limite son attrait. La société en commandite simple est encore plus rare, adaptée à des projets spécifiques où certains investisseurs n’engagent leur responsabilité que dans une limite fixée. Enfin, la société coopérative se destine aux projets collectifs ou mutualistes, notamment dans les secteurs agricole, associatif ou immobilier. Bien que moins répandues, ces structures offrent des solutions adaptées à des contextes bien précis.

 

Les critères de choix pour la forme juridique idéale

Les profils d’entrepreneurs (résidents, frontaliers et non-résidents)

Le choix du statut dépend aussi du profil de l’entrepreneur. Les résidents suisses bénéficient d’une plus grande liberté de choix, tandis que les frontaliers doivent vérifier la compatibilité avec leur permis de travail. Le permis G (frontalier) autorise la création d’une entreprise sous certaines conditions, tandis que le permis B (résident temporaire) et le permis C (résident permanent) offrent une flexibilité croissante. Les ressortissants étrangers non-résidents peuvent également créer une société, mais ils doivent généralement nommer un administrateur domicilié en Suisse, notamment pour une SA ou une SARL.

Les implications fiscales et sociales selon la forme choisie

La fiscalité varie fortement selon le statut retenu. Dans une raison individuelle, les bénéfices sont imposés comme des revenus personnels, ce qui peut être avantageux au départ, mais vite pénalisant si les revenus augmentent. En revanche, les SARL et SA sont imposées comme personnes morales, elles paient l’impôt sur les sociétés, auquel s’ajoute l’imposition des dividendes distribués aux associés. Toute société dépassant 100 000 CHF de chiffre d’affaires annuel doit s’enregistrer à la TVA. Par ailleurs, certains cantons suisses offrent des régimes fiscaux préférentiels, notamment pour attirer des multinationales ou encourager l’innovation, ce qui peut influencer le choix de la localisation et donc de la forme juridique.

Sur le plan social, l’entrepreneur individuel cotise directement comme indépendant, tandis que les associés d’une SARL ou les actionnaires d’une SA bénéficient d’un statut salarié pour leurs revenus, avec une couverture sociale distincte. L’arbitrage entre sécurité sociale, charges et optimisation fiscale est donc déterminant dans le choix final.

Les étapes administratives communes à toutes les formes

Quelle que soit la structure choisie, certaines étapes administratives sont incontournables. La création commence par une étude de marché et la rédaction d’un business plan pour valider la faisabilité économique du projet. Il faut ensuite choisir un nom d’entreprise et l’inscrire auprès du registre du commerce. Dans le cas des SARL et SA, un compte bancaire de consignation est nécessaire pour y déposer le capital minimum requis.

Chaque entreprise doit obtenir un numéro IDE (numéro d’identification des entreprises) et s’affilier aux assurances sociales (AVS, AI, APG). Pour les sociétés de capitaux, l’intervention d’un notaire est obligatoire afin de valider l’acte constitutif. Ces démarches, bien que parfois contraignantes, assurent la légalité et la reconnaissance de la société dans tout le pays.

La Suisse propose des formes juridiques adaptées à chaque profil ; la raison individuelle pour la simplicité, la SARL pour la flexibilité des PME et la SA pour les projets ambitieux. Le choix impacte la responsabilité, la fiscalité et l’image de l’entreprise. Analyser ses besoins et s’entourer de conseils spécialisés est essentiel pour bâtir une structure solide et pérenne.

Hugo Silvestri

Hugo Silvestri est un expert en droit, management et ressources humaines. Avec un parcours de plus de 10 ans dans le conseil juridique pour entreprises et la gestion des équipes, il met à profit son expérience pour offrir des analyses pointues et accessibles sur des sujets juridiques et professionnels. Passionné par l’évolution du monde du travail et la gestion des talents, il partage des conseils pratiques pour aider les entreprises à naviguer dans les défis juridiques et managériaux tout en valorisant le développement humain et la performance.

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